Les pratiques de l'interopérabilité : évolution et prospective

La Maîtrise d'Ouvrage Publique ou privée et les utilisateurs finaux

Cette catégorie de partenaires est la plus récompensée par l'interopérabilité, même si on l'évalue limitativement à la seule étude des projets.

Sans envisager encore l'interopérabilité au niveau du chantier, le gain apporté par la maîtrise d'œuvre interopérable sur l'ensemble du process de construction-maintenance est considérable (voir les chapitre 1.6 et chapitre 2.3).

Un projet bien étudié limite les mauvaises surprises de l'étape de réalisation, et surtout les modifications du programme en cours de construction. Les entreprises ne peuvent plus aussi jouer sur les ambiguïtés et insuffisances des documents que le Maître d'ouvrage leur fournit via la maîtrise d'œuvre.

Un projet qui bénéficie de toutes les simulations possibles est à l'abri de défauts de conception, de non réponse au programme, et encore du non respect des réglementations. L'étude interopérable apporte la garantie de la meilleure réponse technique aux diverses contraintes, initialement contradictoires, qui ont fait l'objet d'une synthèse et de compromis explicites.

La garantie économique du meilleur compromis qualité / prix est assurée. Les contraintes de maintenance ont systématiquement été prises en compte dès le stade des premiers choix (coût global).

Le lancement d'une opération ne constitue plus une aventure pour la maîtrise d'ouvrage ou le particulier, trop souvent confrontés aujourd'hui à des dépassements de délais et de prix, à des malfaçons dus à un manque d'étude, à des difficultés de fonctionnement dues à l'absence de simulations, aux conséquences désastreuses :

  • procès interminables,

  • entreprises en faillite,

  • travaux stoppés,

  • augmentation des impôts pour les contribuables de collectivités territoriales,

  • prêts non remboursables,

  • augmentation démesurée des primes d'assurances, ...

Il est à prévoir que la réglementation draconienne en ce qui concerne l'environnement et l'énergie a obligé les particuliers au recours non pas seulement à un architecte, mais à une équipe interopérable

L'interopérabilité dans les études, devenue la règle, aussi bien pour les grands projets, que pour les maisons individuelles et villas modestes, transforme donc profondément les professions :

  • de maîtrise d'ouvrage,

  • donneurs d'ordre,

  • les collectivités territoriales

  • promoteurs,

  • promotion immobilière

  • constructeurs de maisons individuelles

  • ou simplement les particuliers désirant construire ou rénover.

Cette liste n'est pas complète. Sont également concernés par une modification de comportement professionnel :

  • les gérants d'immeubles publics et privés,

  • notamment les copropriétés qui entreprennent des travaux continus de requalification sur plusieurs décennies,

  • les professions de marchands de biens,

  • les agences immobilières de vente et même de location

Ces dernières, nombreuses et petites, en général regroupées sous une même enseigne, ont du former leur personnel et faire appel à un bureau de spécialistes. N'importe qui ne peut plus ouvrir une agence au coin de la rue, sans justifier d'un nouveau diplôme qui s'est créé, complété par les missions en général sous-traitées de diagnostiqueurs (autre nouvelle spécialité déjà existante) en réponses aux normes environnementales à respecter.

Les concours sont terminés dans leur forme actuelle, incongrues dans le nouveau paysage.

Les concours internationaux, qui se généralisent, s'adressent désormais non pas à un architecte, mais à toute une équipe interopérable, car ils sont jugés sur la garantie technique et économique qu'ils apportent, autant que sur l'idée architecturale ou l'insertion dans un plan d'urbanisme.

Enfin, appartiennent à cette catégorie de partenaires les métiers de la GTP : Maintenance, rénovation des grands patrimoines immobiliers publics ou privés, mais aussi gestion de l'occupation des locaux pour les immeubles de bureaux, banques, hôpitaux, habitation HLM, foyers, services de l'État, Armée, Gendarmerie, Universités, Écoles ...

Cette catégorie de métiers a depuis longtemps réalisé en interne des outils propriétaires, en général d'abord non graphiques, sous forme de base de données relationnelle.

Elle s'intéresse aujourd'hui à des outils couplés graphiques et interactifs normalisés.

Donc au BIM. Elle attend avec impatience la généralisation des pratiques interopérables.

En 2050, il n'est donc pas hasardeux de prévoir que les départements de GTP de tous les grands propriétaires de patrimoine bâtis, et pas seulement publics, auront à leur disposition un BIM normalisé. Il est logique que les petits propriétaires se déchargent sur des organismes spécialisés décentralisés qui assurent cette prestation de service par interrogation à distance.

Encore un nouveau métier de GTP (Il existe des précurseurs en France, membres de Médiaconstruct). Un nouveau marché s'est constitué : le BIM normalisé en prestation de service pour les copropriétés. Sera-t-il pris par les Syndic ?

Comme on le constate, cette vaste catégorie de professionnels située aux deux extrémités d'une opération, est profondément remaniée. Les métiers qui entreprennent des études et prestations après la construction sont devenus plus techniques, plus complexes. Les pratiques du BIM les ont conduits à se spécialiser, à offrir de meilleures garanties, au grand bénéfice des occupants et propriétaires destinataires.

Ces études et métiers nouveaux ou réorganisés ne peuvent plus se satisfaire des procédures réglementaires actuelles. La législation a été actualisée, voire refondue.

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