Les pratiques de l'interopérabilité : évolution et prospective

Quand on mesure le chemin parcouru entre 1950 et 2012 ...

... On peut sans déraison imaginer le paysage du secteur de la Construction, par exemple vers 2020, si la progression des performances de la technologie poursuit son accélération, et si les marchés de la construction continuent d'évoluer vers le développement des projets « clés en mains », du type PPP ou Conception-Construction.

Par Technologie (de l'Information et de la Communication) en général, il faut entendre :

  • les moyens et supports de calcul (Micro-ordinateurs, tablettes interactives, les extensions de la téléphonie mobile),

  • la communication à distance (le Net et les satellites),

    • le développement des logiciels (l'intelligence artificielle, les ateliers de génie logiciel, les langages de programmation, les aides au développement pour les non-informaticiens, sous-langages et macro-langages ...)

  • l'abaissement des coûts des matériels, du développement logiciel (langages à objets)

Mais aussi, pour les outils du travail collaboratif dans le secteur de la Construction :

  • l'ergonomie des logiciels métiers (interface homme machine),

  • le confort de la communication en réseau (voir et entendre les destinataires et partenaires, deux à deux ou en groupe, aspect primaire du travail collaboratif)

  • la communication de documents graphiques et l'interaction en réunion à distance

  • la facilité de saisie des informations et leur interprétation, selon les vues métiers,

  • la méthodologie de premier niveau, celle de l'utilisation « instantanée » des outils, c'est-à-dire le « mode d'emploi ».

  • l'intelligence artificielle prise en compte dans les procédures (méthodologie de deuxième niveau), l'extension du modèle statique en modèle dynamique.

  • La pérennité de l'information sauvegardée (les supports devant garantir une sécurité de relecture autant que pour la durée de vie d'un bâtiment).

  • ...

Il faudrait un bouleversement économique et politique mondial pour que cette progression ralentisse ou s'arrête. Elle concernerait alors tous les secteurs d'activité, et pas seulement le Bâtiment, ce qui relèverait d'une hypothèse de scénario catastrophe.

D'autre part, nous supposerons satisfaites les deux priorités examinées aux chapitres précédents. En une dizaine d'années :

  • Par une mobilisation conjointe des professionnels et de la recherche appliquée, l'offre logicielle métier de base et complémentaire dans l'environnement de la norme IFC pourra permettre de saisir et d'extraire chaque vue métier d'une base de données BIM, avec gestion et contrôle de cohérence des informations normalisées.

  • La communication des données entre partenaires, devenue fluide, pourra s'adapter au problème dynamique des échanges, donc permettra d'aborder l'interopérabilité. .

  • La formation initiale, puis la formation permanente, auront eu le temps de réaliser une implantation d'équipes de partenaires compétents en nombre suffisant pour que le mouvement devienne irréversible.

Enfin, les nouveaux modes de passation des marchés qui ont pour conséquence de fusionner la chaîne de la valeur de la construction, en concentrant les responsabilités au moment de la conception, accélèrent et favorisent le recours à l'interopérabilité.

En effet, cette évolution de la maîtrise d'ouvrage, du moins pour les projets de taille importante, déplace le centre de gravité du management du projet de l'architecte vers l'entreprise. Le dossier technique complet, de l'esquisse à l'exécution, doit donc être réalisé dans la « foulée » de la communication du programme. Ce qui provoque un enchaînement de conséquences techniques et méthodologiques qui remet en cause encore une fois les méthodes traditionnelles (séquentielles) d'organisation des études :

  • Le cycle d'étude se doit d être raccourci pour être compétitif et réactif et pour pouvoir s'engager économiquement sur des performances techniques attendues. Elles sont aussi plus complexes dans le cadre du développement durable.

    En ce sens, le travail collaboratif, l'ingénierie concourante, et donc le BIM sont incontournables dans le mode Conception-Construction.

  • Les projets PPP intègrent le plus souvent des engagements sur l'exploitation du bâtiment. Par exemple sur des durée de concession d'au minimum 20 à 30 ans, ce qui impose la maîtrise d'œuvre à contrôler les aspects touchant le vieillissement du bâti, le cycle de vie des composants et la consolidation des données de la GTP.

    Là encore le BIM se révèle incontournable, car l'étude avant signature du marché doit immédiatement couvrir en simulation pratiquement l'essentiel du cycle de vie du bâtiment.

  • La problématique tient maintenant à concevoir un modèle évolutif du BIM, interopérable de façon filtrée (langage d'accès sélectif et dynamique) car le modèle de données nécessite vite des tailles de fichiers considérables...

Remarque

Au plus tard en 2020, l'utilisation de la norme IFC aura atteint le deuxième niveau technique des échanges, par l'existence d'une base de données BIM centralisée capable d'héberger les vues métiers pendant le cycle de vie du Bâtiment modélisé.

Les outils de l'interopérabilité ont atteint leur maturité. Les compétences sont en place. Les pratiques s'installent.

PrécédentPrécédentSuivantSuivant
AccueilAccueilImprimerImprimerRéalisé avec Scenari (nouvelle fenêtre)