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La classification des risques

D'une manière générale, les catastrophes peuvent être classées en quatre familles : naturelles (géologiques, climatiques, épidémies...), technologiques, guerres et conflits, catastrophes de société (émeutes, famines...) [Croix-Rouge, 1997]. Nous nous limiterons ici aux deux premières catégories.

Travailler sur les risques requiert aussi de préciser les thèmes traités. Les risques peuvent être classés en grandes familles, selon deux critères principaux : la nature des risques traités (ou des aléas à l'origine des risques, et l'intensité (ou la fréquence) des risques.

Risques naturels et technologiques

On a coutume de distinguer les risques d'origine naturelle et ceux d'origine technologique. Par abus de langage on les qualifie usuellement de risques naturels et de risques technologiques.

Définition : Risque naturel

Evénement dommageable, intégrant une certaine probabilité, conséquence d'un aléa naturel pouvant survenir dans un milieu vulnérable.

Les risques naturels peuvent eux-mêmes être classés en grandes catégories, selon la nature de l'aléa : risques d'origine tellurique (volcanisme, séismes), d'origine climatique et météorologique (sécheresse, inondations, tempêtes et cyclones...), d'origine géologique (mouvements de terrain)...

Lorsque l'on parle de risques naturels, c'est en référence aux dangers en provenance du milieu naturel, par opposition aux risques environnementaux, pour lesquels l'environnement est susceptible de subir des impacts, du fait de pollutions par exemple.

Définition : Risques environnementaux

Risques affectant les écosystèmes naturels, relatifs à la beauté ou à la pérennité du milieu naturel.

Lorsque l'homme, ou l'action de l'homme est directement à l'origine du danger, on parle de risque technologique.

Définition : Risque technologique

Risque qui se caractérise par la possibilité d'occurrence d'un accident impliquant un système technique et pouvant entraîner des conséquences graves pour le personnel, les populations, les biens, l'environnement ou le milieu naturel.

Le concept de risque industriel est employé pour les situations où une installation industrielle (usine chimique, centrale de production d'énergie...) est à l'origine de la menace. Dans le domaine du génie civil, les risques technologiques sont liés aux défaillances des structures (barrages, tunnels, bâtiments) et à leurs conséquences sur les usagers ou le milieu environnant.

L'explosion de l'usine AZF, le 21 septembre 2001 à Toulouse, est une illustration convaincante du risque industriel. Elle a causé 30 victimes, 8 833 blessés, endommagé plus de 45 000 logements dont 650 bâtiments publics pour un coût estimé entre 1 et 2 milliards d'euros.

Du risque individuel au risque majeur

Les risques peuvent aussi être classés selon leur gravité et leur fréquence (Tableau 1.1). Les risques les plus fréquents affectent peu d'individus à chaque occurrence. C'est leur cumul qui peut avoir des conséquences significatives. Il en est ainsi de ce que l'on qualifie de « risques de la vie quotidienne » : accidents domestiques, accidents de la route...

Tableau 1.1 : Classification des types de risques selon la gravité et la fréquence.
Tableau 1.1 : Classification des types de risques selon la gravité et la fréquence.

La première colonne est celle du risque individuel, la troisième celle du risque majeur. L'accident majeur ou la catastrophe se définissent donc à partir de l'intensité ou de la gravité des conséquences.

Définition : Accident majeur

Evénement d'importance majeure tel qu'une émission, un incendie ou une explosion résultant de développements incontrôlés survenus au cours d'une activité, entraînant pour la santé humaine ou pour l'environnement, à l'intérieur ou à l'extérieur de la zone d'activité, un danger grave, immédiat ou différé.

Par extension, un accident majeur peut caractériser la succession d'événements imprévus susceptibles de mettre en péril une activité humaine ou avoir un impact socio-économique notable, sans toucher ni à la santé, ni à l'environnement.

Définition : Catastrophe

Perturbation profonde du fonctionnement d'une collectivité ou d'une société, causant des pertes humaines, matérielles, économiques ou environnementales de grande ampleur, qui surpasse les capacités de la collectivité ou de la société affectée à les surmonter par ses propres moyens.

Rowe, cité par [Croix-Rouge, 1997] a proposé l'échelle suivante, selon le nombre de victimes : accident ordinaire (1-10), accident catastrophique (10 - 100), désastre collectif (100 – 1 000), désastre majeur (103 à 105), catastrophe majeure (105 à 107), super-catastrophe (107 à 109), catastrophe universelle (plus de 109). L'OCDE définit une catastrophe comme un événement causant plus de 50 victimes, plus de 100 blessés, plus de 2 000 évacués ou plus de 50 millions de dollars US de dégâts (1987).

En France, la MISE (Mission d'Inspection Spécialisée de l'Environnement) a établi une échelle de gravité des dommages, sous la forme d'une table à double entrée (Tableau 1.2.), qui range les événements naturels en six classes, depuis l'incident jusqu'à la catastrophe majeure.

Tableau 1.2 : Echelle de classification des événements naturels dommageables [MATE, 2002].
Tableau 1.2 : Echelle de classification des événements naturels dommageables [MATE, 2002].

Selon cette échelle, les événements les plus dommageables de 2001 en France ne dépassaient pas la classe 3 (inondations en Bretagne (janvier), inondations généralisées en mars, inondations dans la Somme et l'Oise au printemps, vents violents à Strasbourg le 6 juillet, causant 13 victimes).

Sur la même échelle, les tempêtes de décembre 1999 ont atteint le niveau 5 (92 victimes et plus de 15 milliards d'euros de dégâts). Pour l'ensemble du vingtième siècle, seuls trois autres événements ont atteint la classe 5 : deux éruptions de la Montagne Pelée à la Martinique les 8 mai et 30 août 1902 et un ouragan ayant dévasté la Guadeloupe le 12 septembre 1928 (1 200 victimes). 28 autres événements ont atteint la classe 4, dont 13 inondations, 9 cyclones ou ouragans, 3 tempêtes. La liste recense aussi le séisme de 1909 dans le Sud de la France (46 victimes), l'incendie de forêt de Cestas en 1949 (82 victimes) et la sécheresse géotechnique chronique de ces dernières années.

Une approche adaptée au type de risques à traiter

Une approche globale des risques est nécessaire. Concernant par exemple les accidents de la route en France, la stratégie de réduction du risque ne consiste pas à prévenir, individuellement, chaque accident, mais à agir au niveau collectif, de manière à réduire les facteurs de risque (législation plus ou moins sévère, contrôle accru du respect des règles de conduite, meilleur contrôle de l'état des véhicules, suppression des points noirs du réseau routier, intensification des contrôles de vitesse...) pour diminuer le nombre d'accidents ou leur gravité.

Le Génie Civil peut être concerné aussi bien par les risques de faible gravité mais diffus (endommagement des constructions du fait du retrait et du gonflement des argiles par exemple) que par les accidents majeurs (effondrement d'ouvrage faisant de nombreuses victimes). Nous verrons que les stratégies d'analyse et de réduction des risques devront être adaptées selon la nature, la gravité et la fréquence des risques concernés.

Ainsi, pour des enjeux individuels de grande ampleur, on pourra mettre des moyens importants : surveillance accrue, matériaux de meilleure qualité, calculs plus sophistiqués... A l'inverse, pour des enjeux plus banals, on préférera jouer sur le cadre général (procédures normalisées de dimensionnement et de contrôle...), de façon à intégrer la réduction du risque dans une démarche statistique.

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