Les enjeux de l'interopérabilité en AEC

La nécessité d'une approche systémique

Devant la complexité et l'interdépendance de ces thématiques, les processus traditionnels de conception des bâtiments – conception réglée, linéaire, séquentielle – montrent aujourd'hui leurs limites. Ces processus doivent laisser place à une approche plus systémique et transverse de l'acte de concevoir et de construire, à des méthodes de conception globales et intégrées. Les bâtiments sont alors considérés comme des systèmes voire des « systèmes de systèmes ».

Actuellement, l'approche séquentielle de la conception et de la construction des bâtiments – mais également des ensembles urbains – consiste à rechercher des solutions optimales locales, métier par métier, qui mises bout à bout ne saurait en général atteindre une configuration optimale globale, assumant les interactions entre les systèmes du bâtiment. C'est bien une approche systémique de la conception des bâtiments qui peut, par la prise en compte globale des interactions, permettre d'identifier des architectures système, des configurations optimales globales et donc de fournir des réponses globales aux enjeux auxquels nos sociétés doivent maintenant faire face.

Exemple

Au travers d'un exemple, illustrons comment la conception systémique et l'approche en coût global peuvent supporter la construction durable ou comment un promoteur immobilier peut tirer profit – y compris financièrement – d'une approche systémique de la conception d'un bâtiment.

Un maître d'ouvrage souhaite construire un bâtiment de bureaux de 20 étages dont les façades sont largement vitrées. Dans ce type de bâtiment, le confort d'été et la limitation des besoins de climatisation constituent des enjeux prioritaires. Du fait d'un coût d'investissement nettement supérieur, les vitrages les plus performants en termes de contrôle solaire voire les vitrages actifs sont généralement écartés dès les phases préliminaires de la conception au profit de vitrages performants mais plus standard, du type double vitrage à basse émissivité. Pourtant, une approche systémique de la conception et une approche globale des coûts sur le cycle de vie peuvent conduire à remettre profondément en cause ces arbitrages traditionnels. Le cout d'investissement additionnel par rapport à la solution standard n'est certes pas amorti par les seules économies d'énergie. Cependant, opter pour des vitrages plus performants pourrait conduire, par exemple, à réduire en cascade le besoin de climatisation, donc le dimensionnement des équipements et conduites de ventilation, donc l'épaisseur des faux plafonds, donc les hauteurs entre les étages et les volumes de matériaux mis en œuvre, voire permettre d'intégrer à terme un étage supplémentaire au bâtiment pour une hauteur de façade identique. La valorisation financière de ces m2 de surface utile peut alors, suivant les cas, largement compenser l'investissement additionnel lié au choix du type de vitrage.

On commence à distinguer en filigrane l'importance cruciale de la temporalité des échanges d'information et d'expertise entre les acteurs de la conception, la construction et l'exploitation d'un même bâtiment. L'approche systémique est nécessairement collaborative : elle repose donc sur un partage fiable et en quasi temps réel de l'information.

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