Les enjeux de l'interopérabilité en AEC

Construire beaucoup

Pour construire beaucoup, il a fallu multiplier les équipes, spécialiser les intervenants.

D'où les premiers problèmes de communication entre les divers métiers du Bâtiment.

Un énorme besoin de coordination s'est révélé, non seulement au niveau des études de projets, mais aussi du chantier. Un nouveau métier est né : celui de coordinateur technique, qui auparavant était traditionnellement assuré par l'architecte.

La complexité de la tâche a justifié l'existence à plein temps d'un spécialiste, sur chaque projet, dont le niveau de connaissances et de compétence approchait celui d'un ingénieur.

De nouveaux outils sont apparus : les méthodes d'ordonnancement de travaux, empruntés à l'industrie spatiale et aéronautique (méthodes PERT[1] et Potentiel[2], exploitant le concept du "chemin critique[3]").

Mais on s'est aperçu que la manipulation de ces méthodes, à la main, était lourde et inefficace.

Pour qu'elles deviennent réellement opérationnelles, il fallait les automatiser, les rendre dynamiques, interactives, pour en faire de véritables outils d'aide à la décision.

Bien évidemment la solution était informatique.

Par ailleurs, les Bureaux d'Études Techniques (calcul de structure, calcul et dessin de béton armé) se sont trouvés dans l'impossibilité de faire face à la demande. Leur situation devenait encore plus grave car devant les catastrophes de chantiers dues à la précipitation dans l'exécution (immeubles effondrés pendant la construction), des règlements draconiens sont apparus et ont continuellement évolué, rendant les calculs de plus en plus complexes. Heureusement pour les BET[4], les premiers outils informatiques sont apparus dans les années 1965-70, permettent d'automatiser les calculs, et bientôt les dessins de coffrage et de ferraillage.

Les architectes, de leur côté, sous la poussée de quelques pionniers visionnaires (citons Nicolas Negroponte aux USA, Paul Quintrand[5] en France), ont expérimenté les premiers logiciels graphiques interactifs dits « intelligents ». Malheureusement, c'est la facilité qui s'est imposée dans ce domaine par l'émergence d'outils de dessin électronique (DAO[6]), au détriment jusqu'à nos jours de la CAO[7], marginale dans le secteur du Bâtiment.

  1. PERT : Programm Evaluation and Review Technique : méthode d'ordonnancement de travaux.

  2. Potentiel : Méthode d'ordonnancement de travaux, détrônée par la méthode PERT.

  3. chemin critique

    Dans un planning d'ordonnancement de travaux, chemin d'enchaînement des tâches dont dépend la date de terminaison du chantier.

  4. BET : Bureau d'Études Techniques.

  5. Quintrand Paul : Architecte, Professeur à l'Ecole d'Architecture de Marseille, cofondateur du laboratoire de recherche GAMSAU (Groupe pour l'application des Méthodes Scientifiques à l'Architecture et l'Urbanisme)

  6. DAO : Dessin Assistée par Ordinateur.

  7. CAO : Conception Assistée par Ordinateur.

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