Comment adopter l'interopérabilité dans son entreprise ?

Décloisonner l'information entre les partenaires

Les grandes activités de la construction fonctionnent chacune d'une façon cloisonnée, centripète et hiérarchique. Les bénéfices que l'on pourrait retirer de l'utilisation des outils informatiques sont minimisés. Par exemple, pour chacune des activités suivantes :

1 : LA PROGRAMMATION D'UNE OPÉRATION (EN MAÎTRISE D'OUVRAGE)

  • Impossibilité de calculer analytiquement un coût global de construction avant exécution

    • incompatibilité des outils logiciels

    • pas de cumul d'information

    • pas de mémoire des expériences passées (pas de capitalisation des expériences)

    • pas de simulations projectives

  • De ce fait, lancer un programme de construction se transforme trop souvent en une aventure

    • vis-à-vis des prix, des délais, de la qualité

    • vis-à-vis de la justification initiale du programme lui-même

    • risque de dérapage des budgets pour les marchés privés et publics

    • risque de non maîtrise des finances des collectivités territoriales

  • Perturbation des modes de passation des marchés, des concours.

2 : AU STADE DE LA CONCEPTION ET DE L'INGÉNIERIE

  • Impossibilité de récupérer facilement les données d'une opération

    • données éparses et peu informatisées

    • organismes détenteurs non coordonnés

  • Modélisation des plans en simples dessins 2D non porteurs de sémantique

    • risques d'incohérence entre les vues

    • documents écrits non intégrés

    • pas d'évaluation économique instantanée

    • prise en compte difficile des règlements et normes, contrôles à posteriori

  • Impossibilité de communication entre logiciels techniques des différents métiers

    • absence d'un référentiel sémantique du vocabulaire entre intervenants

    • perte de temps insupportable de re-saisies

    • lenteur des validations et des arbitrages pour l'ensemble des partenaires

    • cycle interminable des modifications, pas de traçabilité

    • absence de simulations comparatives

    • absence de relations avec les entreprises pendant la conception

    • difficulté d'évaluation du coût global

    • impossibilité d'évaluer le mieux disant

    • dépassement des délais, des coûts des études.

3 : AU STADE DE LA CONSTRUCTION

L'entreprise évolue dans un monde de décision et de contrôle parallèle à celui de la maîtrise d'œuvre, sans véritable communication :

  • L'entreprise doit refaire les plans d'exécution pour les adapter à sa mise en œuvre

    • elle saisit à nouveau l'information du projet

  • L'entreprise doit recalculer totalement les coûts avec une autre méthode

    • elle renégocie à nouveau les matériaux et composants auprès des distributeurs

    • il n'y a pas de retour d'information, de traçabilité des choix vers les industriels et la maîtrise d'œuvre

    • difficulté d'élaborer des DOE fidèles (pas d'intégration des CR de chantiers)

  • Pas de relations entre les plans de conception, les prescriptions, les DTU et les plans d'exécution propres à l'entreprise

    • saisies redondantes pour logiciels techniques de chantier

    • et d‘ordonnancement de travaux

  • Les modifications en cours de chantier, malfaçons, erreurs d'interprétation et sinistres sont inévitables et dus en grande partie à cette incohérence

    • dépassement des délais, des coûts

    • augmentation démesurée des assurances

    • dilution des responsabilités

    • procès interminables

    • traçabilité des responsabilités difficiles à établir.

4 : AU STADE DE L'ENTRETIEN ET DE LA MAINTENANCE DU BÂTI

  • Difficulté d'élaborer une représentation numérique du patrimoine construit

    • plans papiers inutilisables parce que non orientés gestion de patrimoine

    • plans numérisés (DXF, DWG) à transformer

    • documents textuels inexploitables

    • saisie redondante de données et informations non relationnelles

    • coût prohibitif de la constitution des bases de données de GTP

  • Perte de la mémoire et de l'historique de la construction

    • les objets de la GTP ignorent les objets de la conception, de l'ingénierie, du chantier

    • pas de capitalisation des connaissances, coût global ignoré

  • Inversement, pas de remontée d'informations vers les donneurs d'ordre, concepteurs, constructeurs :

  • Pas de cercle vertueux pour améliorer la filière Bâtiment, le développement durable, avec au contraire une augmentation des réserves, des sinistres, des procès, du recours aux assurances, et du montant de leur cotisation.

Nous avons développé tout au long de ce cours la conclusion technique et méthodologique qui s‘impose :

Rappel

La transformation du traitement de l'information en un système informatique intégré, continu, normalisé, interopérable (BIM), peut contribuer

  • à supprimer la majorité des défauts dénoncés dans les 4 principales activités du bâtiment

  • à procurer un bénéfice immédiat à chaque métier de la construction, jusqu'à atteindre progressivement un niveau culminant avec l'interopérabilité.

  • à permettre de maîtriser les contraintes du développement durable.

Les données transmises entre métiers est minimale.
La saisie des données techniques

Certains pays progressent plus vite (les Anglo-Saxons), que d'autres (les Latins) ...

Pourquoi ?

L'existence de la nouvelle technologie nécessaire n'est pas suffisante !

La réforme de nos méthodes, de nos habitudes, de la formation, de notre culture professionnelle, est le facteur prépondérant, le véritable défi pour les français, pour continuer de progresser dans le secteur de la construction.

Décloisonner l'information entre les métiers, par logiciels et fichiers interposés, dépend d'une volonté de bousculer l'ordre établi pour se moderniser.

Les enquêtes (projet eXpert) menées en France par des organismes professionnels habilités (les Fédérations Professionnelles réunies dans Médiaconstruct ...) montrent que les acteurs des métiers du bâtiment en France sont attentistes : « J'utiliserai la norme IFC lorsque j'y serai obligé ! ». En effet, la maîtrise d'œuvre et l'ingénierie dépendent des donneurs d'ordre (la maîtrise d'ouvrage), et attendent donc que celle-ci oblige contractuellement les architectes et ingénieurs, économistes et entreprises à s'organiser en équipe « interopérable ».

La prise de conscience s'effectue néanmoins, par les métiers situés aux deux extrémités de la chaîne des études : les promoteurs et la maîtrise d'ouvrage, d'une part, et la Gestion Technique de Patrimoine (GTP[1]) d'autre part. Ce dernier métier est confronté à des contraintes financières difficilement gérables s'il ne dispose pas de la base de données numérique et graphique de son patrimoine bâti, comme d'un outil d'analyse, de simulation et d'aide à la décision.

Des sociétés spécialisées utilisent maintenant, en France, et avec succès, la norme IFC pour constituer et exploiter ces bases de données interopérables (par exemple ACTIVE-3D[2]).

  1. GTP : Gestion Technique de Patrimoine (immobilier).

  2. ACTIVE-3D : ACTIVe3D est la filiale informatique du Groupe ARCHIMEN spécialisé dans l'édition du progiciel éponyme, utilisant les ressources des IFC et dédié à la gestion technique du patrimoine immobilier.

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