Les deux niveaux de la technologie des échanges

L'offre logicielle et le standard IFC évoluent constamment. On peut faire confiance à la technologie. Elle est et restera toujours largement en avance sur les pratiques.

Il faudra en effet du temps pour que les méthodes des professions du bâtiment s'adaptent et exploitent complétement cette « nouvelle » technologie qui comporte deux niveaux.

A : Le niveau le plus accessible, celui des échanges de fichiers

Le changement le plus profond s'effectue en ce moment, car cette innovation est récente. Avant d'atteindre une « vitesse supérieure » dans la pratique de l'interopérabilité, qui ressemble à celle de l'ingénierie concourante[1], nous devons d'abord exploiter le premier niveau des échanges, largement expérimenté.

Historiquement, le premier niveau technique des échanges, facile à mettre en œuvre, celui de l'utilisation de fichiers normalisés échangés ponctuellement entre deux logiciels, a permis de mettre au point le standard IFC.

On parle alors « d'échanges point à point ». Ce fichier contient la totalité du projet présent en mémoire sur l'ordinateur émetteur au moment de l'export.

Pour cette raison, c'est un fichier contextuel dont la durée de vie et l'utilisation dépendent d'une convention de travail entre l'émetteur et chacun de ses destinataires. En général le retour du fichier IFC vers l'émetteur après modification n'est pas prévu par les éditeurs de logiciels, surtout si la modification est partielle.

Ce niveau satisfait une interopérabilité dans un sens privilégié, depuis l'architecte vers les métiers techniques et l'ingénierie. Et c'est bien le besoin principal !

Il faut donc obligatoirement que ce premier niveau d'interopérabilité soit organisé par une charte d'échange contractuellement convenue entre les partenaires de la maîtrise d'ouvrage et de la maîtrise d'œuvre, et prévue au stade des appels d'offre.

Pour éviter aux utilisateurs de se soucier de la compatibilité des interfaces disponibles selon l'évolution de la norme, le concept de plate-forme d'interfaces a été développé. Les versions successives regroupées sous l'appellation IFC 2.x sont obligatoirement compatibles. Avec la révision 2x3, les éditeurs ont fait l'effort d'être tous munis du même niveau d'interface au même moment (2008). On peut donc considérer que cette date ouvre véritablement la période de confort souhaitée pour normaliser sa production, et aborder avec succès les pratiques interopérables. Celui de la révision 2.x4 ouvre une période d'extension du domaine couvert.

B : Le deuxième niveau concerne l'utilisation d'une base de données normalisée

Plus complexe à mettre en œuvre, ce niveau est déjà exploité chez certains éditeurs de logiciels de GTP[2]. Il concerne une plate-forme d'échanges au moyen d'une base de données[3] centralisée du projet, partageable et dynamique, et permet une forme complète de l'interopérabilité. Les échanges peuvent ne concerner alors qu'un partie du projet, ou seulement les vues d'un métier. Cette souplesse oblige le partenaire à utiliser un langage de requête pour accéder à l'information totale ou partielle du projet, localisée sur un serveur.

Ce deuxième niveau nécessite donc la mise en place de ressources informatiques permanentes pour la durée des études, et que l'on peut prolonger pour la période du chantier, voire ensuite de la maintenance du bâtiment une fois construit.

Un professionnel coordinateur, garant de la cohérence de cette représentation unique et contractuelle du projet, et de sa réalité construite, assure le rôle d'administrateur de la base de données. Un nouveau métier ou bien une spécialisation d'un des partenaires interopérables ?

Les outils mis en œuvre et développés par les éditeurs de logiciels (rappelons que BuildingSmart ne développe pas d'applications) dans ces deux niveaux sont complémentaires. Ils cohabiteront donc en permanence dans le temps.

Lorsque les termes « maquette numérique » et BIM sont utilisés, ils font référence seulement à la modélisation conceptuelle normalisée du bâtiment, et à son implémentation numérique.

Ces deux termes recouvrent les deux niveaux méthodologiques et technologiques des outils utilisés : fichiers et base de données.

Le niveau 1 correspond au niveau des échanges à sens unique, le niveau 2 correspond aux échanges partiels et à double sens.
Les deux niveaux d'utilisation de la norme IFC
  1. ingénierie concourante

    Méthode d'ingénierie mettant en œuvre une base de données centralisée du projet, accessible aux logiciels informatiques des partenaires d'une opération. Permet l'interopérabilité

  2. GTP : Gestion Technique de Patrimoine (immobilier).

  3. base de données

    Système d'organisation de données englobant la structure d'information, l'information numérisée elle-même (fichiers), et les procédures ou langage d'accès.

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